Homélie du 20ème dimanche du Temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 9 août 2020Bonne nouvelle pour tous
Textes bibliques : Lire
Les textes bibliques de ce dimanche nous annoncent que le Salut de Dieu est offert à tous les hommes. C’est ce message que nous trouvons dans le Livre d’Isaïe (1ere lecture) : “Les étrangers qui se sont attachés au service du Seigneur… je les conduirai à ma montagne sainte”. Dans l’ancien Testament, Dieu s’est choisi un peuple. Il lui a consacré l’essentiel de ses faveurs. Mais cette limitation n’est pas rigide. Les privilèges du peuple élu étaient destinés à être partagés avec toutes les nations. Dieu les conduira sur la montagne sainte, c’est-à-dire sur le Temple. Il veut associer toutes les nations au peuple élu afin de les introduire dans son intimité. Il veut le Salut de tous les hommes du monde entier.
C’est cette même bonne nouvelle que nous lisons dans lettre de saint Paul aux Romains. Il est affronté à l’incrédulité des Hébreux qui ne veulent pas accueillir la grâce de Dieu offerte pas le Christ. Mais il ne perd pas espoir. Il voit dans ce rejet de l’Église une situation provisoire. Il fallait que la porte de Royaume de Dieu soit ouverte à tous les hommes. Les juifs ont refusé cette ouverture. Mais un jour, ils reconnaîtront que Dieu a vraiment parlé dans le monde païen. Ils viendront alors prendre leur place dans la totalité du peuple de Dieu. Ayant reconnu leurs péchés, ils découvriront ce qu’est la miséricorde divine.
L’Évangile nous présente l’épisode de la Cananéenne qui vient vers Jésus. Il faut savoir que c’est une non-juive, une païenne. Apprenant l’arrivée de Jésus, elle vient le supplier : “Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon”. Face à cette demande, Jésus adopte une attitude surprenante. Il ignore cette prière. Il répond que cela ne fait pas partie de sa mission : “Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la Maison d’Israël.” Puis devant l’insistance de cette femme, il ajoute : “Ce n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens.” Cette parole est particulièrement dure puisqu’elle compare la Cananéenne à un petit chien.
Mais cette femme ne s’offusque pas. Au contraire, elle fait preuve d’une grande humilité. Les petits chiens ne peuvent pas prétendre à ce qui se trouve sur la table, mais ils peuvent ramasser les miettes qui tombent au sol. Devant une telle foi, Jésus est en admirations. Il comprend que la foi de cette femme est inspirée par le Père des cieux. Il ne peut résister à une foi aussi merveilleuse.
A travers ces trois lectures, nous découvrons que la Bonne Nouvelle est pour tous. Elle est offerte à tous les païens autant qu’aux membres du Peuple de Dieu. Et ils ont droit à bien plus que des miettes. L’autre semaine, nous avons lu l’Évangile de la multiplication des pains. Nous avons vu qu’il restait douze paniers. A la fin de la messe chacun est reparti avec un panier rempli de l’amour qui est en Dieu. Et aujourd’hui, nous revenons à lui pour le remplir de nouveau afin de le distribuer à tous.
Depuis la Pentecôte, l’annonce de la bonne nouvelle doit se poursuivre jusqu’à la fin des temps. Le problème c’est que les communautés chrétiennes restent souvent repliées sur elles autour de leur clocher. On oublie l’appel de l’Esprit Saint : “Sortez de vos murs et allez témoigner du Christ qui veut le salut de tous”. Une foi authentique ne se cantonne pas à l’intérieur des murs des églises. Elle va sur les places publiques et ne craint pas les terres étrangères.
En ce jour, nous n’oublions pas les chrétiens persécutés qui donnent ce témoignage au péril de leur vie. Il faut savoir que ce témoignage donne du fruit. Des persécuteurs violents rencontrent le Christ, un peu comme Paul sur le chemin de Damas. Et ils se convertissent à lui. On n’en parle pas beaucoup mais ils sont nombreux à se tourner vers lui et à témoigner de cette merveilleuse rencontre.
En ce dimanche, nous sommes tous invités à sortir de nos murs et à nous ouvrir à l’amour universel de Dieu pour tous les hommes. Nous ne pouvons pas nous enfermer dans nos perspectives étroites. La mission de l’Église n’est pas de se sauver elle-même mais de sauver le monde. Le Seigneur veut le salut de tous les hommes. Beaucoup sont “mal croyants”, marginaux de la foi. Certains ont adopté des superstitions qui les laissent insatisfaits. Et puis, nous pensons aussi à tous ces baptisés qui, pendant des années, se sont éloignés de la foi. Mais le Seigneur s’arrange toujours pour les mettre sur notre route. Alors, nous pouvons nous poser la question : qu’avons-nous à leur offrir ? Des miettes ou du pain ?
En ce jour, nous te supplions, Seigneur : Donne-nous un cœur généreux afin d’accueillir tous ceux que tu mettras sur notre chemin.
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Sources : Revue Feu Nouveau – Lectures bibliques des Dimanches (A. Vanhoye) – Paroles pour la route – Guide Emmaüs des dimanches et fêtes
Certains textes des Évangiles nous surprennent par l’âpreté des événements ou par la violence de la Parole du Christ. La scène racontée par saint Matthieu dans l’Évangile d’aujourd’hui a de quoi nous laisser perplexe ! Elle se déroule au nord du lac de Tibériade, aux frontières d’Israël. La femme qui implore Jésus pour guérir sa fille malade n’est pas juive : « Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. »
Deux faits nous perturbent dans cet événement. Tout d’abord, Jésus se fait prier pour venir en aide à cette mère accablée par le malheur. Ce n’est absolument pas dans son habitude, Lui qui va souvent au-devant des malades et des infirmes pour les secourir. Ensuite, cette déclaration choquante : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens » faisant le parallèle entre le peuple d’Israël et les étrangers. Le mépris et l’intolérance ? Une sélection en ce qui concerne les destinataires de la Bonne Nouvelle ? Il y a de quoi nous surprendre ! Cette attitude du Christ nous laisse sans voix ! Cependant, en relisant les Évangiles avec attention, nous apercevons que Jésus est contre toute forme de discrimination. La parabole du bon Samaritain, le récit du repas avec les publicains, la visite chez Zachée, la guérison du lépreux étranger, l’épisode de la femme adultère, la rencontre de Jésus avec la Samaritaine au puits de Jacob… Tout cela atteste sa largeur d’esprit et sa bonté en faveur de tous, sans exception. Cette bienveillance toujours présente dans ses relations avec les gens nous convainc amplement de sa lutte contre toute forme d’exclusion !
Dans cet épisode, ce qui apparaît dur dans la parole de Jésus peut être accueilli comme une épreuve qu’Il impose à cette femme. Il la vexe exprès pour tester sa foi. Il fait mine de refuser de l’aider parce qu’elle n’est pas d’Israël, mais en réalité, la détermination de cette femme Lui donne l’occasion de proclamer aux yeux de tous son émerveillement pour la grande foi de cette étrangère. « Femme, ta foi est grande, que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! » En effet, la prière qu’elle adresse à Jésus témoigne d’une étonnante ébauche de croyance en Dieu d’Israël : « Seigneur, fils de David. » L’humilité de cette femme et la blessure de cette épreuve ont montré qu’elle avait une vraie conscience de ce qu’est la foi. L’amour pour sa fille et sa croyance en la puissance de Dieu s’attirent irrésistiblement l’un l’autre. Une ébauche de foi ! La foi est comme l’amour, c’est un don. Un don que certains « brebis perdues d’Israël » refusent ! Une belle leçon pour les juifs et pour ses disciples.
Les textes liturgiques de ce dimanche sont un appel aux croyants à s’ouvrir au monde. Une ouverture d’esprit également sur les innombrables exclusions que nous ne parvenons pas à intégrer. Envers celles et ceux qui n’ont pas la même foi ou le même mode de vie que nous. Des gens que nous pensions très loin de Dieu nous surprennent souvent par la qualité de leur prière, par la valeur de leur action envers autrui. Autour de nous, nous pouvons rencontrer une belle foi là où nous ne l’attendions pas. Ayons un grand respect pour ceux qui n’empruntent pas le même chemin que nous vers l’Éternité. Dans la première lecture, le prophète Isaïe annonce à Israël que Dieu accueillera dans son temple ‘les étrangers qui sont devenus ses serviteurs’ : « Maison de prière pour tous les peuples ». Dans la seconde lecture, l’apôtre Paul annonce aux ‘païens’ convertis que la Bonne Nouvelle est offerte à tous. Il n’y a plus d’étrangers ni de païens mais seulement des enfants que Dieu aime comme un Père.
Et nous-mêmes, qu’en est-il de notre foi aujourd’hui ? Les épreuves affaiblissent-ils notre élan vers Dieu ? Persévérons dans notre foi malgré les difficultés rencontrées sur le chemin. Car, des fois, à la place du résultat nous n’essuyons que des revers malgré notre bonne volonté. La foi façonne notre personnalité. Sa force nous soutiendra dans les moments d’incertitude et de mise à l’épreuve. Dans ce monde qui bouge et qui souvent nous inquiète, elle nous donne l’énergie nécessaire pour aborder l’avenir avec confiance.
Nguyễn Thế Cường Jacques
Merci à tous les deux pour vos paroles passionnantes et aide moi Seigneur à faire grandir ma foi.